Roy Makaay, Das Phantom


Bien qu’il ait été soulier d’or européen en 2003 et qu’il détienne le record du but le plus rapide de la Champions League (inscrit au bout de dix secondes de jeu), Roy Makaay n’est pourtant pas le premier nom qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque les meilleurs attaquants du début de millénaire. Le buteur néerlandais à souvent souffert de la comparaison avec ses pairs malgré des statistiques plus qu’honorables et de réelles qualités de finisseur. Sa relative discrétion en dehors des pelouses n’a pas aidé, tout comme son statut de joker en sélection. Découvrons son histoire.

Débuts et premiers faits d’armes

Né le 9 mars 1975, Rudolphus Antonius Makaay est vite surnommé Roy dans son enfance. Il commence le football dans sa ville natale, Wijchen, et intègre le SC Woezik, un petit club local. Il poursuivra sa progression au DIOSA puis au Blauw Wit Nijmegen. A quatorze ans, il rejoint les équipes de jeunes du Vitesse Arnhem. Il y effectuera toutes ses classes et fera parler la poudre. Ce qui lui vaudra l’attention d’Herbert Neumann, l’entraîneur de l’équipe première. Ce dernier décide de lui donner sa chance et lui offre ses premières minutes lors de la saison 1993-1994. A tout juste dix-huit ans, le jeune Roy est définitivement intégré au groupe A. Remplaçant, il ne dispute que dix rencontres, inscrivant un seul but. Dans la foulée, il honore ses premières capes avec la sélection Espoirs. Il s’y impose rapidement et en devient le buteur patenté. Son statut change lors de sa deuxième saison professionnelle. Il gagne ses galons de titulaire et réalise une saison honorable (11 buts en 34 apparitions). Il se montre tout aussi tranchant lors de l’exercice suivant (11 buts en 31 matchs) et brille tout autant avec la sélection Espoirs (en 27 capes, il trouvera 15 fois le chemin des filets). Pas assez pour Guus Hiddink, le sélectionneur, qui décide de se passer de ses services pour l’EURO 1996 (Patrick Kluivert, Dennis Bergkamp et Youri Mulder lui sont préférés). Qu’importe pour le jeune attaquant de vingt-et-un ans. Il sera enfin appelé chez les Oranje en octobre 1996, conséquence d’un début de saison réussi. Il ne convaincra malheureusement pas en sélection mais réalisera une bonne saison 1996-1997 sous les ordres de Leo Beenhakker (19 buts en 34 matchs d’Eredivisie, 22 pions en 41 matchs toutes compétitions confondues). Après cet exercice réussi, il est désormais l’objet de convoitises. Désireux de donner de l’allant à sa carrière, il consent à rejoindre un championnat plus huppé.

Passage difficile à Tenerife

C’est finalement à Tenerife que Makaay pose ses valises à l’intersaison 1997. Dans ce club espagnol de milieu de tableau, l’adaptation est difficile. Le club traverse une crise de résultats et passe l’essentiel de la saison dans la deuxième moitié du tableau. Bien que titulaire, Makaay a toutes les peines du monde à régler la mire. Il n’inscrit que sept buts en 36 matchs durant cet exercice. Le club se classe modestement seizième, évitant de justesse les play-offs de relégation. Sans surprise, Makaay n’est pas dans les papiers de Hiddink et doit regarder le Mondial 1998 à la télévision. La saison suivante est cependant meilleure à titre individuel. Enfin acclimaté, il trouve régulièrement le chemin des filets et porte l’attaque du club des Canaries. Problème, Tenerife est à la peine en Primera Division et squatte le bas du tableau. Bien qu’il se montre efficace (14 buts et quatre passes décisives en championnat), Makaay ne peut tout faire. Tenerife finit la saison à la dix-neuvième place et est relégué en deuxième division. Sans surprise, Makaay décide de partir.

La consécration à La Corogne

Conséquence de sa saison 1998-1999 aboutie, Makaay jouit d’une bonne réputation en Espagne. Courtisé par de nombreux clubs, il choisit de rejoindre le Deportivo La Corogne durant l’intersaison 1999. Ce transfert lui offre la possibilité de jouer enfin une coupe d’Europe (La Corogne avait fini sixième et était donc qualifié pour la coupe de l’UEFA). Ses débuts avec sa nouvelle équipe sont fracassants. Pour son premier match de championnat avec le Super Depor, Makaay inscrit un hat-trick. Il s’impose à la pointe de l’attaque et devient l’atout offensif numéro un du club galicien. Il claque but sur but et s’avère décisif dans la course au titre. Le Deportivo La Corogne s’adjuge son premier titre de champion à la surprise générale. Avec 22 buts au compteur (26 TCC) et sept passes décisives, Makaay termine meilleur buteur du club. Ses bonnes performances lui permettent de retrouver la sélection, désormais entraînée par Frank Rijkaard. Bien qu’il ne trouve pas le chemin des buts, il est tout de même retenu pour l’EURO 2000 aux côtés de Kluivert, Bergkamp, Pierre Van Hooijdonk et Peter Van Vossen. Joker de luxe, il ne foulera les pelouses que deux fois durant cette compétition sans parvenir à faire la différence. Les Oranje sont finalement éliminés en demi-finales. Il retrouve la Galice durant l’intersaison. Après l’exercice précédent réussi, le club décide de renforcer sa ligne offensive et recrute Juan Carlos Valeron, Walter Pandiani mais surtout Diego Tristan. Ce dernier est associé à Makaay dans le but de constituer une doublette. Leur duo va tenir ses promesses même si le néerlandais connaîtra une légère baisse de régime. Il termine la saison avec seize réalisations et quatre passes décisives en championnat. Problème, il ne s’est pas montré à son avantage en Champions League (un seul but inscrit en six matches disputés). Il se montre tout aussi discret en sélection. Bien que régulièrement appelé à présent, il est toujours muet devant le but et reste confiné à son statut de remplaçant, la faute à une concurrence des plus féroces (Kluivert, Ruud Van Nistelrooy, Van Hooijdonk, Jimmy Floyd Hasselbaink).

La saison 2001-2002 sera dans la même veine pour Makaay. S’il reste titulaire, il se montre toujours moins décisif que son partenaire d’attaque Diego Tristan qui a en plus le mérite de briller en Champions League. Makaay inscrit 12 buts en championnat pour quatre passes décisives (15 buts et quatre passes TCC). Il se montre toujours aussi discret en C1 (une seule réalisation). Le Super Depor remporte la Copa Del Rey. Pour Makaay, l’une des seules satisfactions personnelles sera l’ouverture de son compteur-but en sélection. Malheureusement, les Pays-Bas ne parviennent pas à se qualifier pour le Mondial 2002. L’intersaison 2002 est celle des interrogations. Au vu de ses statistiques déclinantes au fil des saisons et de ses difficultés en C1, Makaay semble inapte à franchir un cap. Annoncé partant, il décide cependant de rempiler pour une saison supplémentaire. Bien lui en a pris. Plus affuté que jamais, il prend définitivement le dessus sur son partenaire d’attaque, inscrivant 29 buts en championnat. Mieux, il brillera enfin sur la scène européenne avec neuf réalisations en onze matches de Champions League, inscrivant même un hat-trick contre le Bayern Munich en phase de poules. S’il a toujours du mal en sélection, ses bonnes performances en club lui permettent de grimper dans la hiérarchie des avant-centres, au point d’être considéré comme un vrai concurrent à Kluivert. Makaay finit cette saison 2002-2003 avec 39 buts au compteur. Il remporte le titre de Pichichi (meilleur buteur du championnat espagnol) ainsi que le soulier d’or européen.

Starificiation au Bayern

Devenu à présent l’un des meilleurs avant-centres de la planète foot, Makaay ne manque pas de prétendants (Manchester United et Chelsea notamment étaient intéressés). Il se laisse convaincre par le projet bavarois et rejoint le Bayern Munich durant l’intersaison 2003. A peine arrivé, il devient titulaire indiscutable, reléguant Giovane Elber, son principal concurrent sur le banc (le brésilien finira par quitter le club). Makaay est surnommé Das Phantom (Le Fantôme) pour sa capacité à surgir de nulle part pour marquer. Sa première saison sera une réussite au plan personnel (23 buts en 32 matchs de championnat). Il s’illustrera également en Champions League (six buts en huit rencontres). Malheureusement, le Bayern terminera la saison sans le moindre trophée. Makaay se consolera en disputant l’EURO 2004. Profitant de la disgrâce de Kluivert (en conflit avec le sélectionneur Dick Advocaat), il devient le remplaçant attitré de l’intouchable Van Nistelrooy et marque même lors du match de poule contre la Lettonie. L’aventure s’arrêtera une fois de plus en demi-finales pour les Pays-Bas. Toutes compétitions confondues, Makaay a inscrit 35 buts et délivré sept passes décisives en 56 rencontres. Pour sa deuxième saison, il conserve les faveurs du nouvel entraîneur Felix Magath. Il se montre toujours aussi efficace en Bundesliga (22 buts et dix passes décisives en 33 matchs). Il brille également en coupe d’Allemagne (cinq buts et trois passes décisives en sept rencontres) et en Champions League (sept buts et une passe décisive en huit matchs avec notamment un hat-trick en phase de poule contre l’Ajax Amsterdam). Cette saison-là, le Bayern réalise le doublé coupe-championnat. L’aventure européenne s’arrête malheureusement en quarts de finale. En sélection, le son de cloche est différent avec la nomination de Marco Van Basten. L’émergence de jeunes pousses polyvalentes (Robin Van Persie, Dirk Kuyt, Ryan Babel) et la révélation de Jan Vennegoor of Hesselink lui bouchent progressivement l’horizon. Il finit par ne plus être appelé.

La saison 2005-2006 est toute aussi fructueuse pour lui. Les hommes de Magath réalisent de nouveau le doublé coupe-championnat. Problème, les bavarois se cassent de nouveau les dents sur la Champions League (élimination en huitièmes de finale). Toujours indiscutable, Makaay inscrit 17 buts en championnat pour six passes décisives. Il brille nettement moins en C1 (deux buts en huit matchs). Il finit la saison avec vingt buts et huit passes décisives en 46 apparitions. Pas suffisant pour convaincre Van Basten qui décide de se passer de ses services dans l’optique du Mondial 2006. Pour sa quatrième saison en Bavière, Makaay bénéficie toujours d’un statut de titulaire indiscutable à la pointe de l’attaque. Seul souci, le club se montre moins constant que lors des exercices précédents. Il finit par perdre la tête du championnat et par se faire éliminer de la coupe d’Allemagne. Magath est limogé en février 2007. Ottmar Hitzfeld revient sur le banc pour terminer la saison. Elle se conclura sans titre. Le Bayern se fait sortir de la Champions League en quarts de finale et finit quatrième en Bundesliga, un résultat qui ne le qualifie que pour l’Europa League. Makaay score à seize reprises en championnat (cinq passes décisives). En C1, il n’a inscrit que deux buts et une passe décisive.

Clap de fin au Feyenoord

L’intersaison 2007 est marquée par une restructuration de l’effectif. A désormais trente-deux ans, Makaay est poussé vers la sortie vu que le club recrute coup sur coup les avant-centres Luca Toni et Miroslav Klose. Il décide de revenir au pays et signe un contrat de trois ans en faveur du Feyenoord Rotterdam. Titularisé d’entrée, il n’est pas étranger à l’excellent début de saison du club (quatre victoires en autant de rencontres). Malheureusement cette embellie sera de courte durée. Le Feyenoord rentre dans le rang et finit l’exercice à la sixième place. Heureusement, il se montre plus tranchant en coupe des Pays-Bas et remporte ce trophée. Avec vingt buts (treize en championnat et sept en coupe), Makaay termine meilleur buteur du club. Boudé par la sélection qui part disputer l’EURO 2008, il est par contre retenu dans l’équipe olympique et participe donc aux J.O. de Beijing. Les néerlandais seront sortis en quarts par l’Argentine de Lionel Messi. Lors de la saison 2008-2009, Makaay s’aligne sur ses standards et finit la saison avec vingt buts au compteur (seize en championnat, quatre en coupe mais aucun en C3) malgré l’arrivée de Jon Dahl Tomasson. Le Feyenoord ne peut faire mieux que septième et réalise une saison blanche. Pour sa dernière année de contrat, Makaay se montre plus discret, laissant le leadership offensif à Tomasson. Il inscrit tout de même dix buts (sept en Eredivisie, trois en coupe). Le club se hisse à la quatrième place. A trente-cinq ans, Makaay décide d’arrêter sa carrière. Il devient scout pour le Feyenoord avant de prendre en charge les équipes de jeunes à partir de 2011. En 2021, il fut coach-assistant aux Glasgow Rangers aux côtés de Giovanni Van Bronckhorst.

Buteur hors pair, Roy Makaay est malheureusement tombé dans un relatif oubli du fait d’une carrière internationale modeste (43 sélections, six buts). Il n’a jamais réussi à s’imposer avec les Oranje, barré par Kluivert puis Van Nistelrooy. De plus, Makaay est de ces grands joueurs qui n’ont jamais disputé de coupe du monde. Il a également souffert de la faible médiatisation du championnat allemand et même ses exploits en Champions League, compétition qu’il n’a jamais remportée, n’ont pas suffi à le rendre immortel aux yeux des fans de football.

Laisser un commentaire