Les bons joueurs qui n’ont jamais joué de coupe du monde [Update]


Rendez-vous ultime pour tout footballeur professionnel, la coupe du monde est la consécration de toute une carrière. Ne pas la disputer est perçu par beaucoup comme un gros manque, tant cette compétition revêt de l’importance pour tous, qu’il s’agisse des joueurs ou des simples fans. Il arrive cependant que certains très bon joueurs n’aient jamais eu l’opportunité de la disputer. Si la majeure partie de ceux qui sont dans ce cas évoluent dans des sélections mineures n’étant pas en mesure de se qualifier pour la phase finale, certains ont fait les frais des blessures, méformes ou tout simplement des choix de leurs sélectionneurs respectifs. Focus sur quelques-uns de ces joueurs de talent qui n’ont jamais eu la chance de disputer une coupe du monde.


Alfredo Di Stefano (Argentine puis Espagne)

Bien qu’ayant porté les couleurs de trois sélections (il a disputé quelques matchs non-officiels avec la Colombie), la légende merengue n’a jamais eu l’opportunité de disputer une coupe du monde. Son passage en sélection argentine coïncide avec une période de creux international due à la deuxième guerre mondiale (la dernière coupe du monde remontait à 1938). Il remporte tout de même la Copa America 1947 avec son pays de naissance. Banni de l’Albiceleste par la FIFA pour avoir joué avec la Colombie (la sélection était à l’époque non-reconnue par la FIFA), il ne peut prendre part aux éliminatoires de la coupe du monde 1954. Naturalisé espagnol en 1956, il est finalement intégré à la Roja, mais la sélection espagnole échoue à se qualifier pour le Mondial 1958. Elle aura plus de réussite pour l’édition 1962. S’il a pris une part active dans cette qualification, Di Stefano joue de malchance. Blessé durant la préparation, il est tout de même intégré à la sélection dans l’espoir qu’il soit remis pour le second tour. Versée dans un groupe relevé comptant le Brésil (tenant du titre et futur vainqueur), la Tchécoslovaquie (futur finaliste de l’édition) et le Mexique, la Roja est sortie dès le premier tour. Di Stefano, alors âgé de 36 ans, ne dispute pas la moindre minute du tournoi du fait de sa blessure. Il décide de mettre un terme à sa carrière internationale après cet échec.


George Best (Irlande du Nord)

S’il a connu les sommets européens avec Manchester United, le très populaire ailier nord-irlandais n’aura cependant jamais eu l’honneur de disputer une coupe du monde du fait de sa nationalité. Lorsque son pays se qualifie pour sa première coupe du monde en 1958  il n’a que 12 ans et son passage en sélection coïncide avec une période de marasme sportif. Il mettra son immense popularité en jeu pour demander à ce qu’une sélection de l’Irlande unifiée soit autorisée à compétir, en vain. L’Irlande du Nord n’ayant alors jamais pris part à un EURO de toute son histoire, George Best n’a donc jamais vécu de phase finale de compétition internationale. Un des plus gros manques à une carrière bien remplie.


Salif Kéita (Mali)

Pilier de Saint-Etienne puis de Marseille, Valence et du Sporting CP dans les années 60 et 70, le lauréat du premier ballon d’or africain n’aura cependant jamais la chance de disputer de coupe du monde. Sélectionné en équipe du Mali dès 1963 (il a alors 16 ans), il en aura été très longtemps le meilleur joueur mais aura surtout été l’homme des rendez-vous manqués. Blessé, il manque la finale de la CAN 1972 (perdue contre le Congo-Brazzaville) après avoir activement contribué à la qualification. Une mésaventure qui n’est pas sans rappeler ses échecs précédents aux Jeux Africains de 1965 et en coupe des clubs champions en 1965 et 1966. Pour ce qui est de la coupe du monde, il fait indirectement les frais du peu de crédit accordé au football africain à l’époque (une seule place qualificative en coupe du monde pour tout le continent). Dans une sélection sommes toutes assez limitée, il ne peut tout faire et ne pourra donc jamais montrer l’étendue de son talent dans la compétition-reine.


Mark Hughes et Ian Rush (Pays de Galles)

Attaquant vedette du championnat anglais sous le maillot de Manchester United, le prolifique Mark Hughes est logiquement le pilier de l’attaque de la sélection galloise même s’il s’y montre moins décisif (16 buts en 72 capes). Seul problème, au sein d’une équipe très moyenne, il ne peut jouer les premiers rôles avec les Dragons. Il rate toutes les campagnes qualificatives et ne parvient pas à redonner des couleurs à une sélection limitée en dépit de la présence à ses côtés de Ian Rush (28 buts en 73 capes), la légende liverpuldienne. Les deux hommes auront beau se démener cela ne sera jamais suffisant. Résultat, en dépit de carrières parfaitement menées, jamais ce duo de feu ne jouera d’EURO ou de coupe du monde. Un vrai gâchis.


Bernd Schuster (Allemagne)

Figurant parmi les meilleurs joueurs des années 80 et légende vivante en Espagne, le milieu offensif allemand a pourtant eu une carrière en sélection relativement modeste. Il remporte l’EURO 1980 avec la RFA mais ses mauvaises relations avec Paul Breitner, le capitaine de la Mannschaft, et la fédération l’éloignent de l’équipe nationale. Conséquence, il n’est pas retenu pour la coupe du monde 1982. Il ne sera également pas sélectionné pour l’EURO 1984. Son conflit ouvert avec Breitner lui a valu de nombreuses inimitiés au sein du staff ouest-allemand. Il décide alors de mettre un terme à sa carrière internationale en 1984, à seulement 25 ans. Malgré des saisons pleines au FC Barcelone puis au Real Madrid, il ne jouera plus le moindre match avec la Mannschaft jusqu’à sa retraite.


Fernando Chalana (Portugal)

Pilier du Benfica, le milieu offensif portugais débute en sélection dès 1976 mais mettra un peu de temps à devenir incontournable. Il explose lors de l’EURO 1984 durant lequel il s’impose comme maître à jouer de la Seleção das Quinas. Il rejoint les Girondins de Bordeaux dans la foulée. Malheureusement, l’aventure bordelaise sera marquée par de nombreuses blessures. Le gaucher joue peu et finit par perdre sa place en sélection. Il n’est ainsi pas retenu pour le Mondial 1986. Seule consolation, il évite le fiasco portugais (élimination dès le premier tour) et échappe aux sanctions de la fédération après cet échec (les joueurs présents à cette coupe du monde furent suspendus à cause d’une grève durant la préparation). Par la force des choses, il redevient donc l’un des piliers de cette sélection rajeunie. Problème, il n’est plus aussi à son aise et ses nouveaux coéquipiers ne sont pas non plus des foudres de guerre. Le Portugal ne parvient pas à décrocher son billet pour l’EURO 1988. Chalana honore sa dernière sélection en 1988 puis est définitivement écarté de l’équipe nationale.


Roberto Mancini (Italie)

Incontournable à la Sampdoria, l’attaquant italien fait logiquement partie du groupe élargi de la Squadra Azzurra. Malheureusement, il ne parviendra jamais à s’y imposer définitivement bien qu’étant dans les petits papiers d’Azeglio Vicini. Sélectionné pour la coupe du monde 1990 après son excellente saison, il fait les frais de la rude concurrence (Roberto Baggio, Salvatore Schillaci, Aldo Serena, Andrea Carnevale, Gianluca Vialli…) et ne dispute pas la moindre minute de la compétition. Arrigo Sacchi, le successeur de Vicini ne lui accorde qu’un crédit limité. Ne souhaitant plus revivre une coupe du monde sur le banc, il se brouille avec Sacchi quand ce dernier lui annonce qu’il ne sera pas titulaire au Mondial 1994. Conséquence, il n’est pas retenu et se retrouve écarté pour de bon de la sélection.


Éric Cantona (France)

La carrière en sélection d’Éric Cantona peut se résumer en une longue suite de rendez-vous manqués. En Espoirs, il manque le titre de champions d’Europe du fait de sa suspension pour avoir injurié le sélectionneur des A, Henri MichelMichel Platini ne lui en tient cependant pas rigueur quand il prend les rênes des Bleus et en fait un de ses hommes de base. Son duo avec Jean Pierre-Papin sera l’un des plus efficaces de l’époque mais n’aura pas le rendement habituel lors de l’EURO 1992 où la France est éliminée dès le premier tour. Canto ne le sait pas encore mais ce sera sa seule compétition internationale en sélection. Il manque par la suite la qualification pour la coupe du monde 1994. Lors de la phase de reconstruction, Aimé Jacquet en fait dans un premier temps son capitaine mais suite à sa suspension de huit mois, il sort de l’équipe qui finit par se passer de lui. Résultat, il est écarté et ne prend pas part à l’EURO 1996. A la fin de la saison 1996-1997, il arrête sa carrière.


David Ginola (France)

A la différence de Cantona qui n’aura jamais été inhibé en sélection, David Ginola n’aura lui jamais convaincu quant à sa capacité à apporter quelque chose en équipe de France. Cantonné à un rôle de remplaçant de luxe, il ne fera jamais l’unanimité en Bleu. Pis, « coupable » d’avoir effectué un centre dans les dernières minutes du match décisif pour la qualification à la coupe du monde 1994 (la Bulgarie marquera le but victorieux sur le contre qui en a résulté), il deviendra le bouc émissaire de cette élimination traumatisante. Sa carrière en bleu ne s’en relèvera jamais. Trop peu convaincant dans le onze d’Aimé Jacquet, il n’est pas retenu pour l’EURO 1996. Sa chance est passée et en dépit de saisons pleines en Premier League où il s’est imposé comme l’un des meilleurs joueurs du championnat, il ne sera jamais rappelé en Bleu, la sélection ayant appris à tourner sans lui.


Abedi Pelé (Ghana)

Appelé en sélection ghanéenne dès ses débuts professionnels, il y remportera vite une CAN en 1982 mais aura par la suite une carrière internationale discrète, à l’image de sa sélection qui a raté tous les rendez-vous après une CAN 1984 décevante. Par la suite, la star de l’Olympique de Marseille retrouvera de l’allant avec les Black Stars, dans la foulée d’une génération dorée, mais ses ambitions seront contrariées par deux fois par la Côte d’Ivoire lors des CAN 1992 et 1994. Le chemin menant à la coupe du monde sera encore plus tortueux. Avec seulement deux, puis trois places attribuées à l’Afrique, le challenge est plus que relevé et le Ghana n’arrivera pas à jouer les premiers rôles. Après une dernière CAN une fois de plus infructueuse en 1998, il prend sa retraite internationale. Ce n’est qu’en 2006 que le Ghana disputera sa toute première coupe du monde, six ans après la fin de sa carrière.


Ian Wright (Angleterre)

Révélé à Crystal Palace, c’est pourtant à Arsenal, club qu’il rejoint en 1991 que Ian Wright aura ses lauriers. Leader offensif incontesté des Gunners, il aura cependant beaucoup plus de mal à convaincre en sélection. Ayant été révélé sur le tard (il n’a explosé qu’à 27 ans), il est convoqué avec les Three Lions seulement en 1991. Non retenu pour l’EURO 1992, il s’imposera tout de même par la suite, devenant titulaire lors des éliminatoires de la coupe du monde 1994. Malheureusement l’Angleterre ne parvient pas à se qualifier et rate le rendez-vous. Pour l’EURO organisé à domicile, il ne parvient pas à convaincre Terry Venables qui lui préfère le duo Shearer-SheringhamGlen Hoddle, son successeur, lui accordera davantage de confiance et l’appellera régulièrement lors des éliminatoires de la coupe du monde 1998. Il semble alors acquis qu’il figurera dans la liste des 22 mais la malchance s’en mêle. Une blessure le contraindra à y renoncer. A 35 ans, c’était sa dernière chance de disputer une compétition majeure avec l’Angleterre.


George Weah (Liberia)

S’il fut incontestablement l’un des meilleurs attaquants des années 90 et un joueur majeur de la décennie, George Weah n’a eu, dixit certains éditorialistes tendancieux de l’époque, pour seul défaut que d’être libérien. En effet, Mister George était international avant même son arrivée en Europe. Par la suite, son pays étant ravagé par la guerre civile, le football sera mis entre parenthèses, tout comme sa carrière internationale. Il devra mettre en jeu ses moyens personnels pour que le Liberia ait de nouveau une équipe nationale et puisse prendre part de façon assez inattendue à la CAN 1996. Celui qui restera à jamais le premier Ballon d’or non-européen n’aura eu, du fait de tous ces problèmes politiques, qu’une carrière internationale très modeste. En revanche, il a été le symbole de toute une nation meurtrie par des années de conflit et de générations entières de jeunes footballeurs africains que ses exploits ont décomplexés.


Mehmet Scholl (Allemagne)

Bien qu’adulé en Allemagne, le merveilleux milieu du Bayern Munich n’aura pas une carrière internationale à la hauteur de son talent. Il devra attendre 1995 et l’âge de 25 ans pour honorer sa première cape avec la Mannschaft. S’il ne peut devenir titulaire à cause de la concurrence de Thomas Hässler et Mario Basler notamment, il est tout de même retenu pour l’EURO 1996 remporté par l’Allemagne. La suite sera malheureusement moins probante. Régulièrement convoqué lors de la saison 1996-1997, il se brouille avec le sélectionneur Berti Vogts et est écarté. Conséquence, il ne sera pas dans le groupe du Mondial 1998. Rappelé en 1999 par Erich Ribbech, le nouveau sélectionneur, il s’impose et dispute la coupe des confédérations 1999 (élimination au premier tour) puis l’EURO 2000 qui sera lui aussi un échec. Lorsque Rudi Völler prend les rênes de la sélection, il compte sur Scholl mais ce dernier, en délicatesse avec son physique, a du mal à se montrer régulier. Il finit par prendre sa retraite internationale à 32 ans, suite à une blessure survenue en février 2002. Il manque donc une fois de plus la coupe du monde et ne sera plus appelé. Un peu avant l’édition 2006, une pétition en ligne signée par plus de 100.000 personnes demande son retour en sélection. Ce sera sans effet, Jürgen Klinsmann ne se laisse pas attendrir et ne sélectionne pas le milieu de 36 ans.


Japhet N’doram (Tchad)

Pilier du FC Nantes des années 90, Le Sorcier de la Beaujoire aura marqué le football français par sa technique et sa vision du jeu. Si son parcours en club est une réussite, il n’en est pas de même pour son aventure avec la sélection tchadienne. Victime tout autant des soubresauts politiques que de l’incompétence des dirigeants et des difficultés financières, sa carrière internationale est une espèce de chemin de croix. Incapable d’honorer le paiement de ses cotisations à la CAF, la sélection tchadienne est momentanément suspendue de toutes compétitions internationales organisées par la CAF. L’équipe étant bien trop limitée pour espérer quoi que ce soit dans les éliminatoires de coupe du mondeN’Doram ne peut compter que sur son club pour briller. Finalement il ne disputera jamais aucun tournoi quel qu’il soit avec le Tchad. Une bien triste issue pour un joueur aussi talentueux.


Giovane Elber (Brésil)

Terreur des défenses allemandes, Giovane Elber ne fera cependant jamais l’unanimité dans son pays. Il fera les frais de la rude concurrence en pointe (Ronaldo, Romario, Bebeto, Edmundo, Sonny Anderson, Luizao, Osmar Donizete…). Il devra attendre 1998 pour effectuer ses débuts avec la tunique auriverde à l’occasion de la Gold Cup 1998 (le Brésil y était invité). Bien qu’il y ait inscrit deux buts, il ne convainc pas Zagallo qui ne le retient pas pour la Coupe du Monde 1998. Lorsque Wanderlei Luxemburgo est intronisé sélectionneur, Elber est appelé pour des matchs amicaux mais ne peut faire son trou. On lui reproche également un style de jeu inesthétique comparativement à ses concurrents. Il ne sera pas retenu pour la Copa America 1999 et ne sera que rarement convoqué lors des années suivantes. Il glane sa dernière cape en 2001 et disparait des petits papiers de Luiz Felipe Scolari. On ne le reverra plus avec la Canarinha.


Fabrizio Ravanelli (Italie)

Buteur prolifique en club, Fabrizio Ravanelli aura mis plus de temps à s’imposer en sélection n’étant jamais un titulaire indiscutable. Cependant il est régulièrement appelé par Arrigo Sacchi et sera retenu pour l’EURO 1996 dans la foulée de sa saison réussie avec la Juventus. Par la suite, Cesare Maldini continuera de lui accorder sa confiance durant les éliminatoires de la coupe du monde 1998. Au terme de la laborieuse qualification de l’ItalieCesare Maldini le retient pour le tournoi final. Malheureusement, Penna Bianca jouera de malchance et se blessera durant la phase de préparation. C’est finalement Enrico Chiesa qui le remplacera dans la liste des 22, un contretemps qui signe en même temps la fin de sa carrière internationale. Malgré une saison 1998-1999 plus aboutie, il ne trouve pas grâce aux yeux de Dino Zoff qui préfère miser sur Vieri, Filippo Inzaghi et la triplette romaniste Totti-Montella-DelvecchioRavanelli ne sera plus jamais convoqué et du fait de ses saisons suivantes moins fructueuses, sa mise à l’écart est largement justifiée.


Andy Cole (Angleterre)

Décisif à souhait en club, Andy Cole ne fera cependant jamais l’unanimité avec les Three Lions. Il fait les frais de la féroce concurrence qui règne au poste d’avant-centre (Alan Shearer, Teddy Sheringham, Michael Owen, Robbie Fowler, Ian Wright, Les Ferdinand…). Il n’est pas sélectionné pour l’EURO 1996. Retenu pour le Tournoi de France en 1997, il ne parvient pas à s’imposer. Malgré une saison réussie en 1998, il n’est pas retenu pour la coupe du monde 1998Glenn Hoddle, le sélectionneur, lui reprochant un taux de conversion faible. En 1999, il revient en grâce mais manque l’EURO 2000 à cause d’une blessure. Concurrencé par Emile Heskey et Darius Vassell pour la place d’avant-centre remplaçant, il n’est finalement pas retenu pour le Mondial 2002. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, celui qui faisait feu de tout bois sous les couleurs de Manchester United n’a donc jamais joué de compétition internationale.


Ryan Giggs (Pays de Galles)

En dépit d’une carrière des plus brillantes et d’un palmarès comptant parmi les plus riches en club, Ryan Giggs aura dû attendre 2012 (et l’âge de 38 ans) pour enfin connaître l’ivresse d’une compétition en sélection à la faveur des Jeux Olympiques de Londres disputés avec la British Team. Avant cette découverte tardive, Giggs du fait de sa nationalité galloise n’avait jamais pris part à la phase finale d’un tournoi majeur. Le Pays de Galles, loser ultime du Royaume-Uni ne s’était plus qualifié pour une compétition depuis l’EURO 1976, et malgré des éléments talentueux s’y étant succédés (Hughes, Ian Rush, Speed, Bellamy…) n’a jamais réussi à faire oublier cette « malédiction ». Giggs a au total porté 65 fois le maillot gallois (13 buts). Avant d’être appelé en sélection britannique il avait pris sa retraite internationale en 2007. Ce n’est qu’en 2016 que le Pays de Galles parviendra à se qualifier pour un tournoi majeur (l’EURO 2016).


Jardel, Brazil (Photo by Neal Simpson/EMPICS via Getty Images)

Mario Jardel (Brésil)

Bien qu’ayant été l’un des buteurs les plus prolifiques d’Europe (il fut deux fois soulier d’or européen en 1999 et 2002, co-meilleur buteur de la C1 en 2000 et deux fois meilleur buteur mondial de l’année de première division en 1999 et 2000), Jardel ne fut jamais prophète en son pays. Outre une concurrence exacerbée (Ronaldo, Romario, Bebeto, Amoruso, Edmundo…), il ne trouva jamais grâce aux yeux des différents sélectionneurs. Il effectua ses débuts en 1996 lors d’un match amical mais ne s’imposa jamais avec la Seleção, n’étant convoqué qu’occasionnellement. Alors qu’approche le Mondial 1998, il n’est même pas dans la discussion. Scolari lui donnera cependant sa chance en le retenant pour la Copa America 2001. Il n’y brillera cependant pas. Plus jamais, il ne sera convoqué en sélection. En dépit d’une grosse saison 2001-2002 (55 buts en 42 matchs joués TCC !), il sera boudé par Scolari. Son déclin, provoqué par une dépression consécutive à son divorce, l’éloignera à tout jamais de la Canarinha.


Jari Litmanen (Finlande)

Véritable légende vivante dans son pays, c’est avec l’Ajax d’Amsterdam que l’excellent Jari Litmanen est révélé au monde du football. Ce milieu offensif finlandais est l’un des meilleurs de sa génération et aurait certainement eu encore plus de lauriers s’il avait été d’une autre nationalité. Cependant jamais la Finlande n’est parvenue à disputer de phase finale, restant cantonnée au statut de faire-valoir faute de joueurs de grand talent. Pourtant Litmanen ne cessera de se battre pour elle. Jusqu’à sa retraite à 41 ans, il était toujours présent au sein des Huuhkajat avec qui il compte 137 capes pour 32 buts inscrits. Il n’a jamais eu la grâce de disputer le moindre tournoi majeur durant sa longue carrière.


Roy Makaay (Pays-Bas)

Si son talent de buteur ne souffre d’aucune contestation en club, Makaay fera les frais de l’abondance de biens en sélection (Patrick Kluivert, Dennis Bergkamp, Pierre Van Hooijdonk, Jimmy Floyd Hasselbaink, Peter Van Vossen puis Ruud Van Nistelrooy). Si son absence de la liste en 1998 ne surprit guère (auteur d’une saison très moyenne avec Tenerife), il eut par la suite un mal fou à s’imposer. S’il intègre le groupe Oranje comme joker offensif (il sera retenu pour l’EURO 2000), il jouera de malchance. Les Pays-Bas ne parviennent pas à se qualifier pour le Mondial 2002. Présent dans la liste de l’EURO 2004, Makaay fera par la suite les frais du rajeunissement de la sélection entreprit par Marco Van Basten, le sélectionneur. En concurrence avec Van Nistelrooy, Dirk Kuyt, Robin Van Persie et Jan Venegoor of Hesselink, il perd sa place en 2005. Malgré une bonne saison en club, il n’est pas sélectionné pour la coupe du monde 2006 et ne sera plus jamais appelé avec les A. Il figurera cependant dans l’équipe olympique qui disputera les J.O. 2008.


Marcio Amoroso (Brésil)

Buteur prolifique tant au Brésil qu’en Italie, il finit par faire son trou en sélection à la faveur des mises à l’écart de Romario et Bebeto après le Mondial 1998. Il remporte la Copa America 1999 aux côtés de Ronaldo et Ronaldinho mais joue ensuite de malchance. Moins décisif en club, il est de moins en moins convoqué. Il retrouve pourtant la forme lors de la saison 2001-2002 sous les couleurs du Borussia Dortmund. Son club remporte le titre et atteint la finale de la coupe de l’UEFA (battu par le Feyenoord Rotterdam). Amoroso finit co-meilleur buteur de Bundesliga cette saison-là (18 buts marqués) mais Luiz Felipe Scolari n’est pas convaincu et ne le retient pas pour la coupe du monde 2002, lui préférant les moins connus Luizao et Edilson. Barré ensuite par l’émergence d’Adriano ainsi que des saisons difficiles, il disparait définitivement des listes de la Seleção (dernière cape en 2003).


Ludovic Giuly (France)

L’aventure en Bleu de Giuly fut une succession de contrariétés. Appelé pour la première fois en mars 2000, il prend un peu tardivement le train de la sélection et n’est logiquement pas retenu pour l’EURO 2000. Victime d’une rupture des ligaments croisés en 2001, il ne retrouve les pelouses qu’en avril 2002. Roger Lemerre, qui ne comptait d’ailleurs pas sur lui, le laisse à la maison pour le Mondial 2002. Giuly bénéficiera de plus d’égards de la part de Jacques Santini, le successeur de Lemerre. Il le retient pour la coupe des confédérations 2003 (remportée par la France) puis pour l’EURO 2004. Malheureusement, il doit renoncer à l’EURO portugais à cause d’une blessure survenue en finale de la Champions League. Lorsque Raymond Domenech devient le sélectionneur, Giuly continue d’être appelé de temps en temps mais a du mal à se lâcher. Malgré une saison 2005-2006 aboutie en club, Domenech se passe de ses services dans l’optique du Mondial 2006. Ce sera la fin de la carrière internationale de Giuly.


Crédits: MEXSPORT/PHOTOGAMMA

Santiago Solari (Argentine)

Bien qu’il ait eu une carrière pleine en club (il est passé notamment par le Real Madrid et l’Inter Milan), Solari est l’un des rares argentins à avoir brillé en Europe sans s’imposer en sélection. Appelé pour la première fois en novembre 1999 pour un match amical, il ne convaincra pas et sera tour à tour borduré par le sélectionneur Marcelo Bielsa pour toutes les grandes échéances. Il n’est retenu pour aucune Copa America. Son statut de vainqueur de la Champions League en 2002 ne le fait pas revenir en grâce et il n’est pas sélectionné pour le Mondial 2002. Il ne jouera quasiment que des matchs amicaux avec l’Albiceleste entre 1999 et 2004 (11 sélections, un but marqué). Lorsque que José Nestor Pekerman devient sélectionneur, Solari est définitivement mis de côté. Il n’a jamais pris part à un quelconque tournoi international majeur de toute sa carrière de joueur.


Samir Nasri (France)

Brillant en club avec Arsenal puis Manchester City, le milieu offensif marseillais fait les frais de son caractère fantasque en sélection. Présent lors du fiasco de l’EURO 2008, il est écarté de la liste des sélectionnés de la coupe du monde 2010 par Raymond Domenech. De retour en grâce avec l’avènement de Laurent Blanc comme sélectionneur, il participe à l’EURO 2012. En conflit ouvert avec la presse française qui lui reproche son manque d’implication et ses écarts de conduite, il est tout de même régulièrement appelé en sélection par Didier Deschamps. Après être passé à côté de son match lors du barrage aller contre l’Ukraine, il est mis sur le banc lors du match retour. Ce sera sa dernière apparition dans le groupe. Malgré une excellente saison avec Manchester City, il n’est pas retenu pour la coupe du monde 2014. Brouillé avec Deschamps, il annonce sa retraite internationale en août 2014.


Mentions

Une kyrielle d’autres joueurs comme John Carew (Norvège), Adrian Mutu (Roumanie), Alexander Hleb (Biélorussie), Eidur Gudjohnsen (Islande), Sami Hyypiä (Finlande), Hasan Salihamidzic (Bosnie-Herzégovine), Mamadou Niang (Sénégal), Seydou Kéita (Mali), Kakhaber Kaladze (Géorgie) ou les péruviens Claudio Pizarro, Jefferson Farfan et José Paulo Guerrero n’ont jamais joué de coupe du monde non plus. Etant encore en activité, les norvégiens Erling Haaland et Martin Ødegaard ont encore une chance de disputer une coupe du monde. C’est aussi le cas du slovène Jan Oblak. Une perspective qui semble plus difficilement envisageable pour l’arménien Henrikh Mkhitaryan ou le gabonais Pierre-Eymerick Aubameyang.

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