Stars africaines n’ayant jamais joué en Europe


De nos jours, évoluer en Europe est devenu une finalité pour tout jeune footballeur africain. La perspective de disputer des compétitions prestigieuses, de se frotter au gratin mondial et de s’enrichir (il faut bien l’avouer) contribue à cet état de fait, au point que certains considèrent qu’une carrière est ratée si on n’a pas été capable d’y faire son trou. Toutefois, si l’Europe a consacré une écrasante majorité de footballeurs africains, certains n’ont jamais eu l’opportunité ou la volonté d’y jouer. C’est notamment le cas des joueurs que nous allons aborder ici.

Osei Kofi (Ghana)

Pilier de la grande équipe du Ghana dans les années 60, le meneur de jeu de l’Asante Kotoko de Kumasi fut l’un des meilleurs joueurs africains de son époque. Il a notamment remporté la CAN 1965, inscrivant un but à chaque match. Il avait aussi remporté l’édition de 1963 mais dans un rôle plus discret cette fois. Osei Kofi n’a jamais joué pour un autre club que l’Asante Kotoko. Avec cette formation, il disputera quatre finales de Coupe des clubs champions d’Afrique (Un titre obtenu en 1970). Ses seuls contacts avec le football du reste du monde furent ses participations aux Jeux Olympiques avec la sélection ghanéenne (1964, 1968 et 1972).

Kamunda Tshinabu (RD Congo)

Métronome du FC Englebert (rebaptisé depuis TP Mazembe), ce milieu de terrain de talent règne sur le football africain de la fin des années 60. Avec son club, il dispute quatre finales consécutives de Coupe des clubs champions d’Afrique pour deux succès obtenus en 1967 et 1968. Il s’impose également comme l’un des maîtres à jouer de la sélection avec qui il gagne la CAN en 1974 avant de prendre part à la coupe du monde la même année. Contrairement aux autres talents africains qui commencent de plus en plus à s’expatrier, Brinch ne quittera pas son pays et y évoluera jusqu’à sa retraite sportive.

Ali Abo Greisha (Egypte)

Il fut l’attaquant vedette de l’Ismaily SC (premier club égyptien à remporter la coupe des champions d’Afrique en 1969) du milieu des années 60 à la fin des années 70. Ce redoutable finisseur martyrisa nombre de défenses durant sa carrière. Malheureusement pour lui, il ne connu pas le même succès en sélection malgré de bonnes prestations lors des deux CAN (1970 et 1974) qu’il a eu à disputer. Comme de nombreux autres joueurs à cette époque, il effectuera toute sa carrière avec le club de ses débuts, au point que sa renommée n’a pas dépassé les limites du continent africain.

Ahmed Faras (Maroc)

Né à Mohammédia, ce buteur prolifique effectuera toute sa carrière avec le club de sa bourgade, le SC Chabab Mohammédia. Il aurait inscrit plus de 230 buts pour cette équipe entre 1965 et 1982. Malheureusement, il n’aura que peu d’opportunités de briller en coupes africaines. Cependant, il aura plus de chance en sélection. Il participera au Mondial 1970, aux Jeux Olympiques en 1972 et remportera la CAN en 1976. Capitaine du Maroc pendant de longues années, il a inscrit 42 buts en 77 sélections. Il est en outre le premier joueur maghrébin à avoir remporté le Ballon d’Or Africain en 1975.

Mohammed Polo (Ghana)

Surnommé Dribbling Magician pour sa faculté à effacer ses adversaires, il fut l’une des attractions du championnat ghanéen à la fin des années 70. En sélection, il a remporté la CAN en 1978, une compétition qu’il a éclaboussé de son talent et de ses gestes techniques. S’il a acquis son statut de légende avec les Hearts Of Oak, il a aussi porté les couleur de l’Accra Great Olympics FC. Il fut aussi l’un des premiers joueurs à tenter l’aventure aux Emirats Arabes Unis en rejoignant Al Wasl au début des années 80. Il y a d’ailleurs laissé un excellent souvenir. Ses contemporains le considèrent comme un des joueurs les plus techniques de l’histoire.

Tarak Dhiab (Tunisie)

Légende du football tunisien, ce meneur de jeu de talent fut l’un des principaux artisans de la qualification de son pays pour le Mondial 1978. Il y réalisera d’ailleurs de bonnes prestations malgré l’élimination de la Tunisie au premier tour. Contrairement à son coéquipier de l’Espérance Sportive de Tunis et de sélection, Témine Lazhami, il renonce à tenter sa chance en Europe et s’engage avec l’Al Ahli SC  de Djeddah (Arabie Saoudite) en 1978. Ce sera sa seule expérience à l’étranger. Au bout de deux saisons, il revient à l’Espérance Sportive de Tunis en 1980. Il y  évoluera jusqu’à sa retraite dix ans plus tard. Lauréat du Ballon d’Or Africain en 1977 (seul joueur tunisien à l’être), il compte 108 sélections (15 buts) et est globalement considéré comme l’un des meilleurs footballeurs tunisiens de tous les temps.

Karim Abdul Razak (Ghana)

Natif de Kumasi, cet excellent milieu de terrain se révèle avec le club de sa ville l’Asante Kotoko. En 1978, il rayonne lors de la CAN qu’il remportera. Ses excellentes prestations lui vaudront le surnom de Golden Boy ainsi qu’un Ballon d’Or Africain. En 1979, il s’expatrie, mais plutôt que de rejoindre l’Europe, il signe avec le mythique New York Cosmos en NASL. Malheureusement, il ne s’y imposera pas et ne disputera que trois rencontres. On le retrouvera ensuite à Al Ain FC (Emirats Arabes Unis) puis à l’Arab Contractors (Egypte). En 1985, il revient dans son club de cœur pour trois ans avant d’aller terminer sa carrière avec l’Africa Sports National ( Côte d’Ivoire).

Segun Odegbami (Nigeria)

C’est lors de la CAN 1980, remportée par le Nigéria que Segun Odegbami se révéla. L’attaquant des Shooting Stars d’Ibadan domina la compétition et mena sa sélection à la victoire finale. Dès lors, on s’imaginait que Mathematical (son surnom) céderait aux sirènes étrangères. Pourtant, il décide de rester au pays et de continuer avec son club. Finalement cet ailier rapide et précis ne quittera jamais les Shooting Stars et prendra sa retraite sportive en 1984. Il a porté 47 fois le maillot des Super Eagles avec qui il a inscrit 22 buts, ce qui en fait le deuxième meilleur buteur de l’histoire derrière Rashidi Yekini.

Lakhdar Belloumi (Algérie)

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette légende du football maghrébin n’a jamais joué en Europe, contrairement à ses partenaires de sélection Madjer et Menad. Milieu offensif de talent, il se révéla au monde du football durant la coupe du monde 1982 durant laquelle l’Algérie ne fut éliminée que suite à un honteux arrangement entre les cousins germaniques. Durant sa carrière, il portera principalement les couleurs du GC Mascara, club de sa ville natale et celles du Mouloudia d’Oran. Celui qui fut désigné Ballon d’Or Africain en 1981 ne connaîtra qu’une seule expérience à l’étranger, avec le club qatari d’Al-Arabi. Pourtant, son excellent Mondial 1982 lui avait valu de nombreuses sollicitations (le FC Barcelone notamment souhaitait le recruter) mais, à l’époque, le règlement de la fédération algérienne interdisait à tout joueur de moins de 27 ans de quitter le pays, sauf en cas d’autorisation spéciale délivrée par le président de la république. En 1985, la Juventus Turin négocie sa venue pour remplacer Boniek, mais malheureusement Belloumi se blesse gravement lors d’une rencontre de Coupe des champions africaine. Ce contretemps provoquera l’annulation de son transfert (Michael Laudrup sera rappelé à sa place). Un an plus tard, le Real Murcie tente à son tour de l’engager mais les négociations échouent. Sa chance est passée.

Mahmoud El Khatib (Egypte)

Pilier du National Al Ahly, El Khatib fut incontestablement le meilleur attaquant égyptien de son époque. De 1972 à 1988, Bibo inscrira plus de cent buts avec son club, remportant au passage une pleine brouette de titres (10 championnats d’Egypte et 4 coupes nationales). Il gagnera également deux coupes des clubs champions africains et trois coupes des coupes africaines, inscrivant 37 buts en coupes africaines (il en est le deuxième meilleur buteur de l’histoire). El Khatib a également à son actif un Ballon d’Or Africain remporté en 1983 et a même été élu sportif arabe du XXe siècle. En sélection, il a remporté la CAN 1986 et a pris part aux Jeux Olympiques 1984. L’Europe ne le verra cependant jamais évoluer. Il faut dire que jusqu’à une époque récente, les joueurs égyptiens étaient peu enclins à quitter leur pays, vu que le championnat était relevé et que les salaires n’étaient pas très différents de ceux pratiqués sur le vieux continent.

Trésor Mputu (RD Congo)

Véritable légende vivante en RD Congo, l’attaquant du TP Mazembé est encore à l’heure actuelle un des tout-meilleurs joueurs du continent. Avec son club de longue date (il l’a quitté en 2014 pour un bref passage à Kabuscorp, un club angolais, avant de revenir), il a tout connu et a inscrit plus de 170 buts (série en cours). S’il n’a jamais pu évoluer en Europe, c’est surtout à cause de l’intransigeance du président du TP Mazembé, Moïse Katumbi Chapwe. En 2007, il effectue un essai avec Arsenal mais les Gunners ne donnent pas suite. En 2009, il trouve un accord avec le Standard de Liège, mais Moïse Katumbi bloque le transfert. Il aura par la suite une flopée de sollicitations (Blackburn Rovers, Hull City, Tottenham, FC Nantes, Olympiakos, Galatasaray et quelques clubs tunisiens) mais personne ne parviendra à le faire signer. Aujourd’hui âgé de 33 ans, tout porte à croire que Trésor Mputu finira sa carrière sur le sol africain. Avec 41 buts, il est le meilleur buteur de l’histoire des coupes africaines.

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